satisfait, reconnaissant, pénétré, sensible à la
situation dans laquelle il croyait m’avoir réduite ;
peu sûr cependant de son triomphe,
inquiet de l’événement, savourant toute la délicatesse
des apparences, se promettant tout des
suites, se félicitant du passé, et qui même, en
recueillant tout le fruit de mon désordre, semblait
se reprocher d’en être la cause. Après
m’avoir témoigné tous les regrets imaginables
d’avoir innocemment contribué à mon abattement,
il n’oublia rien pour m’en retirer ; me récidiva
les droits inviolables que je m’étais acquis sur
son cœur, l’entière déférence qu’il aurait éternellement
pour moi, l’aveugle soumission avec laquelle
il avait résolu de se conformer à mes
volontés, quelles qu’elles puissent être. Je ne
lui répondis qu’en lui serrant la main et levant
les yeux au ciel. Qu’un silence aussi éloquent
eût pour lui de charmes ! il se retira cependant,
dans la crainte de trop m’émouvoir.
Notre amour fut dès ce jour en règle ; car enfin il ne restait plus qu’une petite formalité dont je ne devais vraisemblablement plus m’inquiéter. M. Démery devait y jouer plus gros jeu ; car, malgré toutes mes belles réflexions sur l’amour platonique, mes yeux n’annonçaient pas quartier.
Dès ce moment il me fallut souffrir qu’il en-