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DE JULIE


satisfait, reconnaissant, pénétré, sensible à la situation dans laquelle il croyait m’avoir réduite ; peu sûr cependant de son triomphe, inquiet de l’événement, savourant toute la délicatesse des apparences, se promettant tout des suites, se félicitant du passé, et qui même, en recueillant tout le fruit de mon désordre, semblait se reprocher d’en être la cause. Après m’avoir témoigné tous les regrets imaginables d’avoir innocemment contribué à mon abattement, il n’oublia rien pour m’en retirer ; me récidiva les droits inviolables que je m’étais acquis sur son cœur, l’entière déférence qu’il aurait éternellement pour moi, l’aveugle soumission avec laquelle il avait résolu de se conformer à mes volontés, quelles qu’elles puissent être. Je ne lui répondis qu’en lui serrant la main et levant les yeux au ciel. Qu’un silence aussi éloquent eût pour lui de charmes ! il se retira cependant, dans la crainte de trop m’émouvoir.

Notre amour fut dès ce jour en règle ; car enfin il ne restait plus qu’une petite formalité dont je ne devais vraisemblablement plus m’inquiéter. M. Démery devait y jouer plus gros jeu ; car, malgré toutes mes belles réflexions sur l’amour platonique, mes yeux n’annonçaient pas quartier.

Dès ce moment il me fallut souffrir qu’il en-