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LES ÉGAREMENTS


Nous fûmes bientôt d’accord sur l’emprunt des deniers ; elle m’assura que rien ne me manquerait : nous convînmes de tout ce qu’il fallait dire et faire, et de la conduite que j’aurais à tenir à l’avenir avec un nombre d’écervelés, qui n’étaient propres qu’à m’éloigner des honnêtes gens. Un heureux hasard me fit rencontrer chez un marchand juif tout ce que je souhaitais en boucles d’oreilles, croix, bagues et tabatières à peu près semblables aux miennes. J’eus encore occasion de reprendre courage : comme nous admirions mes nouvelles emplettes, Rose vint me remettre une bague que ma pure négligence avait sauvée du naufrage ; c’était un diamant de cinq cents livres, qui me devint cher alors. Je retournai chez moi, où il me fallut nécessairement régler sur l’air morne qu’y avait répandu le départ de sieur Valérie. Quelque secrète qu’eût été cette catastrophe, elle avait toujours transpiré ; on s’en entretint dans le quartier pendant quelques jours, après lesquels le temps fit son effet ordinaire. Je gardai mon domestique, qui consistait en une cuisinière, une femme de chambre et un laquais : la Valcourt m’envoya une partie de sa toilette, une montre, et en moins de vingt-quatre heures tout se ressentit de mon premier être, à trente-six mille livres près, sur la perte desquelles il me