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celui que nous avons énoncé pour les changements mécaniques, c’est-à-dire que :


Aucun dispositif n’est plus avantageux qu’un autre pour « acheter » un changement thermique d’une sorte donnée (disons fusion de glace) avec un changement thermique d’une autre sorte donnée (disons refroidissement de cuivre).


Nous comprendrons au surplus bientôt, quand nous aurons dégagé la notion d’énergie, qu’il n’était aucunement incorrect de parler de quantité de chaleur ou de déplacement de chaleur, à la condition de ne pas considérer cette chaleur comme indestructible en tant que chaleur.


24. Thermochimie. — Considérons une réaction chimique accomplie sans travail, dont la répercussion extérieure se réduit à un changement thermique. Par exemple considérons le système matériel constitué par : 1,7 gr. de gaz ammoniac, 3,65 gr. de gaz chlorhydrique, et 100 grammes d’eau liquide, chacune de ces matières étant prise à 0° sous la pression atmosphérique (état initial). Nous pouvons de bien des manières transformer ce système en une solution aqueuse de sel ammoniac à 0° sous la pression atmosphérique (état final), par exemple en laissant les deux gaz se mélanger puis le sel ammoniac se dissoudre, ou en laissant dissoudre le gaz chlorhydrique dans la moitié de notre eau, le gaz ammoniac dans l’autre moitié et en mélangeant les deux solutions.

Si cependant on a veillé, comme il est ici facile, à ce que toute répercussion extérieure se réduise à des changements thermiques, en définitive toujours réductibles à la production de calories, nous trouverons que par tous les moyens employés, nous obtenons le même nombre de calories. Ici encore il n’est pas possible, au prix d’un même changement chimique et sans autre répercussion extérieure, d’obtenir par un moyen la fusion de dix grammes de glace et par un autre moyen plus avantageux la fusion, disons, de douze grammes de glace. De nouveau nous voyons que la Nature vend à prix fixe. Dans le langage utilisant l’hypothèse du calorique, on disait que la « quantité de chaleur » dégagée dans une réaction, où l’état initial et l’état final sont donnés, est déter-