Page:Perrin, Jean - Les Atomes, Félix Alcan, 1913.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LIMITE SUPÉRIEURE DES GRANDEURS MOLÉCULAIRES

d’hydrogène, environ 200 fois plus petite, comme nous l’avons vu, est donc si faible qu’il en faut sûrement plus de 20 trillions pour faire 1 milligramme, c’est-à-dire qu’elle est inférieure à 1/2 10−16 grammes).

L’étude microscopique des divers corps permet d’aller beaucoup plus loin, spécialement si on observe des substances fortement fluorescentes. Je me suis en effet assuré qu’une solution au millionième de fluorescéine éclairée à angle droit du microscope par un faisceau très plat de lumière très intense (dispositif d’ultramicroscopie) manifeste encore une fluorescence verte uniforme dans des volumes de l’ordre du micron cube. La grosse molécule de fluorescéine, que nous savons (propriétés chimiques et lois de Raoult) 350 fois plus lourde que l’atome d’hydrogène, a donc une masse bien inférieure au millionième de la masse d’eau qui occupe 1 micron cube et cela montre que l’atome d’hydrogène pèse notablement moins que le milliardième de milliardième de milligramme. Ou, en un langage plus bref, l’atome d’hydrogène à une masse inférieure à 10−21. Le nombre d’Avogadro est donc supérieur à 1021 : il y a plus que 1 000 milliards de milliards de molécules dans une molécule-gramme.

Si l’atome d’hydrogène pèse moins que 10−21 grammes, la molécule d’eau, 18 fois plus lourde pèse moins que 2·10−20 grammes. Son volume est donc inférieur à 2·10−20 centimètres cubes (afin que 1 centimètre cube d’eau contienne 1 gramme), et son diamètre inférieur à la racine cubique de

71