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EXTENSION DE LA THÉORIE DES QUANTA

est indépendante de la dilution ; si la masse occupe 10 fois plus de place, avec une concentration donc 10 fois moindre, il s’en transformera 10 fois moins par litre, soit autant en tout. Par suite, et contrairement à ce qu’on est tenté de penser, le nombre des chocs n’a aucune influence sur la vitesse de la dissociation. Sur molécules données de gaz A, que ce gaz soit relativement concentré ou mélangé de gaz étrangers (chocs fréquents) ou qu’il soit très dilué (chocs rares), il s’en brisera toujours autant par seconde (à la température considérée).

Il me semble que, pour une molécule déterminée, la valeur probable du temps qui serait nécessaire pour atteindre sous la seule influence des chocs un certain état fragile doit être d’autant plus faible que la molécule subit plus de chocs par seconde, et, cet état fragile supposé atteint, la valeur probable du temps nécessaire pour que la molécule subisse le genre de choc qui pourrait la briser doit être également d’autant plus faible que les chocs sont plus fréquents. Pour cette double raison, si les ruptures étaient produites par les chocs, elles deviendraient plus fréquentes (donc la dissociation plus rapide) quand la concentration du gaz augmenterait.

Comme cela n’est pas, c’est que la dissociation n’est pas due aux chocs. Ce n’est pas en se heurtant que les molécules se brisent, et nous pouvons dire :

La probabilité de rupture d’une molécule ne dépend pas des chocs qu’elle subit.

Puisque cependant la vitesse de dissociation dé-

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