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L’ÉPOUSE ET LA MÈRE



pas un instant et elle décide de s’en aller avec les siens vers cette terre promise de l’Abitibi. Le travail pénible auquel le colon doit s’astreindre, l’isolement dans lequel il est condamné à vivre pendant une période plus ou moins longue, les privations de toute nature qu’il est forcé d’endurer, les obstacles auxquels il doit faire face, rien n’arrête cette femme courageuse et ambitieuse tout à la fois. Ce que des hommes peuvent faire, elle se sent de force à le faire elle-même. Il s’agit du bonheur et de l’avenir de ses enfants. Qu’importent quelques années de misère ! Et, d’ailleurs, misère pour misère, pourquoi ne pas préférer celle qui mène tout droit à l’aisance et à l’indépendance !

Elle liquide son modeste avoir, et pour entreprendre le long et coûteux voyage avec tout son petit monde, elle emprunta cinquante dollars d’un co-paroissien charitable qui, par la suite, devait être remboursé rubis sur l’ongle. Enfin, au mois de juillet 1916, elle descendait


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