Page:Perrault - Les lunettes de grand'maman, 1885.djvu/67

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
61
LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

cultés que présentait l’entreprise, je finis par me résoudre à la tenter avant tout.

Un soir que, depuis deux heures déjà, tout dormait dans la maison, excepté moi que mes projets tenaient éveillé, je m’assis sur mon lit, et, frottant doucement une allumette que je m’étais procurée dans le jour à la cuisine, j’allumai ma bougie. Je me levai, et, vêtu seulement de ma grande chemise de nuit, pieds nus, pour faire moins de bruit, j’ouvris ma porte. Elle cria. Jamais, avant cette nuit, je n’avais remarqué le tapage désagréable que faisait cette maudite porte en tournant sur ses gonds… Néanmoins, j’entrai, et bientôt je me trouvai à quelques pas des rideaux baissés derrière lesquels reposait ma grand’mère.

J’avançai encore en retenant mon souffle et je posai mon bougeoir par terre avant de commencer mes investigations.

Je cherchai d’abord dans les poches de grand’mère. Oh ! mon Dieu oui, je l’osai, comme l’eût fait un vrai voleur. Je n’y découvris rien. Sur la table de nuit, pas davantage, ni même dans le tiroir. Il ne restait plus qu’une chance : le dessous de l’oreiller. Mais cela, c’était une terrible affaire. Mon cœur battait à se rompre. Néanmoins, j’allais y glisser la main, quand, en m’approchant, j’aperçus le grand ruban de moire qui restait tout le jour autour du