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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

« Après, » me dit-elle froidement.

Il fallut m’exécuter.

Alors, baissant la tête, je glissai ma main dans la poche droite de mon pantalon, celle qui renfermait les deux pommes, tâchant par les interstices de faufiler mes petits doigts jusqu’à quelque objet que j’eusse le droit d’avoir en ma possession.

J’amenai triomphalement un petit couteau… seulement, pour le faire sortir, j’avais chassé devant lui une des pommes qui s’en alla rouler bruyamment sur le parquet.

Alors… oh ! alors, ce fut fini. Je perdis la tête. Je lâchai le couteau pour courir après la pomme… Mais, avant de l’avoir ramassée, je me retournai vivement.

« J’aurais tout supposé, excepté que le fils de ton père et de ta mère pût être un voleur, disait ma grand’mère avec une expression de mépris qui me rendit furieux.

— Voleur ? tu m’appelles voleur !… m’écriai-je.

— Oui. Ne t’es-tu pas caché pour dérober ces fruits ? N’essayais-tu pas de me dissimuler ton larcin ? Tu vois donc bien que tu connais ta faute, et que le mot que j’emploie ta conscience te l’a déjà dit.

— Ce qui est à toi est à moi… »

J’étais d’autant plus exaspéré que je me sentais dans mon tort.