Page:Perrault - Les lunettes de grand'maman, 1885.djvu/55

Cette page a été validée par deux contributeurs.
49
LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

qualité unique par un assez joli assortiment de défauts, j’ai bien le droit de ne pas faire le modeste à son égard.

Ma grand’mère, qui me connaissait à fond, attendait ; les deux mains paisiblement croisées sur son journal.

Enfin je trouvai quelque chose qui me parut admirable de présence d’esprit.

« Je viens de là-haut », répondis-je.

Là-haut ! C’était si vague. Il y a le grenier, les mansardes, le toit…

« Ah ! alors tu as dû voir, en passant, la porte de la chambre bleue entr’ouverte. Tu n’es pas entré ? »

Je ne répondis rien, et je me sentis devenir rouge jusqu’aux oreilles.

« Vide tes poches, » me dit sévèrement ma grand’mère.

C’en était fait !… J’étais pris. Je voyais s’aligner devant moi la ribambelle des morceaux de pain sec qui formeraient le menu de mes goûters pendant quinze jours au moins.

Je voulus cependant me défendre jusqu’au bout et j’essayai d’une dernière ruse.

Je commençai par les poches de mon tablier dont je connaissais la complète innocence.

Mais, ayant vu apparaître successivement mon mouchoir de poche, un petit couteau et ma toupie :