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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

J’approchai. La montagne aux couleurs variées, c’étaient des pommes ! À côté d’elle, une claie pleine de pruneaux qui finissaient de sécher…

À mesure que mes yeux s’habituaient à la demi-obscurité de la chambre, je faisais quelque découverte nouvelle.

Ce fut d’abord, sur la cheminée, une quantité de pots de confitures, de toute taille et de toute couleur. Puis, sur la table, des noisettes et des amandes. Enfin, en me reculant pour admirer tout cela dans son ensemble, je me heurtai contre une grande perche, qui, appuyée sur des chaises, soutenait une belle rangée de grappes de raisin, attachées deux à deux par des fils.

Un vrai paradis terrestre pour un gourmand de ma sorte !

J’étais entré dans la chambre aux provisions.

Je m’en réjouis en pensant aux excellents desserts que ces bonnes choses me promettaient… puis, je songeai qu’en attendant… je pourrais bien m’offrir quelques échantillons de chacune…

Je n’éprouvai pas le moindre scrupule. Ce qui était à ma grand’mère était à moi ! Et cependant, comme j’étais peu logique ! Je tâtai les poches de mon pantalon afin de m’assurer qu’elles pouvaient recevoir un supplément ; mais je me gardai bien d’avoir recours à celles de mon tablier,