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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

je venais d’entendre. J’en conclus qu’une grand’mère est une espèce de créature à part, faite uniquement pour rendre les petits enfants malheureux. Aussi, à dater de ce moment, je me dis que je ne pourrais jamais aimer la mienne.

J’avais à peine fini mon déjeuner lorsqu’elle m’appela.

J’accourus et je la trouvai déjà débarrassée de son chapeau et installée dans sa chambre. Dès que j’entrai :

« Gertrude, s’écria-t-elle, vous avez donné du chocolat à cet enfant ?

— Oh ! madame, je vous jure…

— Ne jurez pas. Je le sais. Approche, Maurice. »

Je fis deux pas. Ma grand’mère posa le doigt sur une petite tache brune restée au coin de ma bouche.

« C’est vrai, hein ? dit-elle.

— Oui, grand’mère, » répondis-je tout honteux.

Je fus bien étonné, car elle m’attira vers elle et m’embrassa.

« Tu n’as pas menti, c’est bien, dit-elle. Mais je te défends d’en manger désormais avant ta soupe. Tu entends, Maurice, je te le défends, et tu seras puni si tu recommences. »

Je ne répondis rien.