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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

Le matin, ma bonne m’avait fait ses adieux.

« Mais je ne te renvoie pas, m’étais-je écrié, tout prêt à regretter le souffre-douleur qu’on m’enlevait.

— Votre grand’mère n’a pas besoin de moi, monsieur Maurice, avait-elle répondu. Il paraît qu’on vous trouve assez grand garçon pour vous habiller tout seul. — Et quel air moqueur elle avait en me disant cela ! — C’est chez la vieille dame que vous allez demeurer maintenant. M’est avis que vous n’y aurez pas, comme chez votre papa, toutes vos aises. »

Ces révélations, qui, à l’instant où elles me furent faites, m’avaient laissé assez indifférent, me revenaient, tout en trottinant à côté de ma grand’mère qui me donnait la main, et je résolus de m’insurger contre ce qui me déplairait dans ma nouvelle existence.

Je donnai à peine un coup d’œil à la maison, dans laquelle on entrait après avoir traversé un jardin et franchi un perron de cinq marches. La porte ouvrait sur un vestibule, au fond duquel se trouvait l’escalier montant au premier étage.

La chambre de ma grand’mère occupait le côté droit du rez-de-chaussée.

Comme nous entrions, un vieux bonhomme sortit de