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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

père à mon oreille, pendant qu’on descendait la malle et que grand’mère avait le dos tourné.

— Je veux bien, répondis-je tout bas. Tant mieux qu’elle s’en aille. Elle t’a assez grondé, petit père.

— Enfant terrible, » me dit-il.

Mais il m’embrassa.

Grand’mère était déjà au bas de l’escalier. Tout en le descendant plus lentement qu’elle avec mes petites jambes :

« Quand on gronde les gens, c’est qu’on ne les aime pas, dis, papa ? Tu m’aimes bien, toi, c’est pour ça que tu ne te fâches jamais. Ma petite maman ne me grondait pas non plus. »

Grand’mère une fois partie, mon père ne me quitta pas de la soirée. L’heure venue, il me coucha lui-même et tâcha de faire, en bordant mon petit lit, comme il savait que maman faisait.

J’étais fatigué, je fermai les yeux bien vite.

Il me crut endormi, je suppose, car il se mit à faire à ma bonne une foule de recommandations qu’il n’était pas dans ses projets que j’entendisse, bien certainement.

J’écoutais de mon mieux, tout content de me voir l’objet d’une telle sollicitude. Mon père ajouta :

« Surtout ne le faites jamais pleurer ; sa pauvre mère ne