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tout ce qu’il éclaire : c’est un secret qui est fort naturel, mais cependant que peu de gens ont devine. Les uns se sont imaginé que j’aveuglais tous les amants, les autres que je leur mettais un bandeau devant les yeux pour les empêcher de voir les défauts de la personne aimée ; mais les uns et les autres ont mal rencontré ; car enfin il n’est point de gens au monde qui voient si clair que les amants : on sait qu’ils remarquent cent petites choses dont les autres personnes ne s’aperçoivent pas, et qu’en un moment ils découvrent dans les yeux l’un de l’autre tout ce qui se passe dans le fond de leur cœur. Je ne comprends pas ce qui a pu donner lieu à de si étranges imaginations, si ce n’est peut-être qu’on ait pris pour un bandeau de certains petits cristaux que je leur mets au-devant des yeux, lorsque je leur