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cœur, et qu’il vous prend fantaisie d’y venir pour prendre ma place, vous savez avec quelle douceur je vous la quitte. Je me retire insensiblement et sans bruit, le cœur même où se fait cet échange ne s’en aperçoit pas, et quelquefois il y a longtemps que vous le brûlez qu’il croit que c’est moi qui l’échauffe encore et qui le fais aimer. Vous n’avez garde d’en user de la sorte lorsqu’un pauvre cœur se résout à vous échanger avec moi, parce que la raison le commande et l’y contraint, bien qu’il ait un extrême regret de se voir obligé à une si cruelle séparation, bien qu’il vous conjure en soupirant de le laisser en paix, et que vous n’ignoriez pas qu’il ne me veut avoir que parce que je vous ressemble et que c’est en quelque façon vous retenir que de m’avoir en votre place. Néanmoins avec quelle cruauté ne vous moquez-