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peu galante, où nous ne soyons le sujet de la conversation, et où l’on n’examine qui nous sommes, notre naissance, notre pouvoir, et toutes nos actions.


L’Amour

Cela me déplaît assez, car il n’est pas possible de s’imaginer le mal qu’on dit de moi. Les sérieux me traitent de folâtre et d’emporté, les enjoués de chagrin et de mélancolique ; les vieillards de fainéant et de débauché qui corrompt la jeunesse ; les jeunes gens de cruel et de tyran qui leur fait souffrir mille martyres, qui les retient en prison, qui les brûle tout vifs et qui ne se repaît que de leurs soupirs et de leurs larmes. Mais ce qui me fâche le plus, c’est que je suis tellement décrié parmi les femmes qu’on n’oserait presque