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amies et quelques jeunes gens du voisinage, à une de ses maisons de campagne, ou on demeura huit jours entiers. Ce n’était que promenades, que parties de chusse et de pèche, que danses et festins, que collations : on ne dormait point, et on passait toute la nuit à se faire des malices les uns aux autres ; enfin tout alla si bien, que la cadette commença à trouver que le maître du logis n’avait plus la barbe si bleue, et que c’était un fort honnête homme. Dès qu’on fut de retour à la ville, le mariage se conclut. Au bout d’un mois, la Barbe bleue dit à sa femme qu’il était obligé de faire un voyage en province, de six semaines au moins, pour ume affaire de conséquence : qu’il la priait de se divertir pendant son absence : qu’elle fit venir ses bonnes amies, qu’elle les menât à la campagne, si elle voulait ; que partout elle fit bonne chère. Voilà, lui dit-il, les clefs de deux grands garde-meubles, voilà celle de la vaisselle d’or et d’argent qui ne sert pas tous ler jours ; voilà celle de mes coffres- forts ou est mon or et mon argent, celle de mes cassettes ou sont