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LE PETIT POUCET.

pas de distance on ne se voyait pas l’un l’autre. Le bûcheron se mit à couper du bois et ses enfants à ramasser des broutilles pour faire des fagots. Le père et la mère, les voyant occupés à travailler, s’éloignèrent d’eux insensiblement et puis s’enfuirent tout à coup, par un petit sentier détourné.

Lorsque ces enfants se virent seuls, ils se mirent à crier et à pleurer de toute leur force. Le Petit Poucet les laissait crier, sachant bien par où ils reviendraient à la maison ; car en marchant il avait laissé tomber le long du chemin les petits cailloux blancs qu’il avait dans ses poches. Il leur dit donc : Ne craignez point, mes frères ; mon père et ma mère nous ont laissés ici, mais je vous ramènerai bien au logis ; suivez-moi seulement. Ils le suivirent, et il les mena jusqu’à leur maison par le même chemin qu’ils étaient venus dans la forêt. Ils n’osèrent d’abord entrer, mais ils se mirent tous contre la porte pour écouter tout ce que disaient leur père et leur mère.

Dans le moment que le bûcheron et la bûcheronne arrivèrent chez eux, le seigneur du village leur envoya dix écus qu’il leur devait il y avait longtemps, et dont ils n’espéraient plus rien. Cela leur redonna la vie, car les pauvres gens mouraient de faim. Le bûcheron envoya sur l’heure sa femme à la boucherie.