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NÊNE.

un quart d’heure tous les matins… je n’ai qu’à me lever plus tôt.

Elle les voulait aussi heureux que s’ils avaient eu leur mère. Sa tendresse la rendait adroite et inventive. Elle, qui ne savait tricoter qu’aux broches, avait appris un point de crochet et leur avait fait à chacun, pour l’hiver, un joli manteau de laine bleue.

Le dimanche, elle habillait la poupée de Lalie et faisait au petit des fouets d’écorce tressée ou des chaises de jonc.

Et puis, à Lalie, elle apprenait les prières et le nom des jours et le compte des doigts.

La fillette ne la quittait pas plus que son ombre. Quant à Jo, il faisait aussi ce qu’il pouvait pour la suivre ; elle le semait par la cour ou dans le jardin, mais il la rattrapait à la maison et sautait à ses jupes en criant pour lui faire peur.

Il s’était mis un peu tard à parler. Il voulait tout dire à la fois et s’embarrassait aux mots difficiles, avec de grands éclats de rire ou des trépignements de colère, selon le cas.

Il disait « papa » et « Lalie », mais « Madeleine » était trop long pour lui et il n’essayait pas. Tout de même, un jour, il se mit à crier : Nêne… Nêne… Nêne !

Madeleine le souleva jusqu’à son visage en un élan de joie. Et puis, tout de suite, une idée vint, cruelle, chassant le sang de son cœur. Nêne ! c’était bien l’abréviation de son nom, mais c’était aussi