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NÊNE

— Madeleine, je veux te dire quelque chose… Je t’attendais en grande impatience et je suis content que tu sois venue précisément aujourd’hui… J’ai des idées que je ne veux pas dire à une autre que toi… Madeleine, à Chantepie, il y a une fille que depuis longtemps j’aime d’amour…

— Violette la tailleuse ?… Croyais-tu donc que je ne le savais pas ?

— Oui ; Violette… une grande avec des yeux tout à l’envers des tiens…

Madeleine fit mine de rire :

— Une belle fille, allons ! Pas la peine de dire comment elle est : je la connais. Je l’ai vue, il y aura demain tout juste deux ans, à l’assemblée de Chantepie.

Il redevint triste.

— Il y aura deux ans demain comme tu dis… que je lui ai parlé pour la première fois. Je devais y aller encore cette année, à l’assemblée de Chantepie… et elle devait m’attendre. Elle m’aime beaucoup et elle se fait à présent du chagrin à cause de moi… Madeleine, je veux qu’elle sache combien j’ai pensé à elle sur ce lit de misère.

— C’est que je ne pourrai pas y aller moi, à Chantepie… à cause des petits qui sont à la maison.

— J’y ai pensé… J’ai demandé du papier à l’infirmière, bien poliment, et elle m’en a donné… tiens !

Il chercha sous son traversin et tendit à Madeleine un crayon avec une enveloppe froissée.

— Je t’en prie, marque-lui qu’elle ne se chagrine