la chaleur avec son chapeau enfoncé sur ses oreilles.
Cuirassier travaillait comme il se serait battu. Une rage le tenait, la rage des soirs d’ivresse. Le sang lui avait sauté à la tête, chassant toutes ses idées ordinaires qui étaient douces et sensées. Les mâchoires serrées, les yeux larges, il tremblait d’une colère folle, colère contre Boiseriot, contre les catholiques, contre la vanneuse, contre la paille, contre tout ! Lançant le torse, il balayait furieusement la table.
— « C’est le petit qui engrène le mieux ! »… Bon Diou, je vais leur faire voir !… Mauvaise engeance !
Il cria :
— Amenez ! Amenez de la paille !
Les coupeurs de liens lui poussèrent des gerbes, et lui, de toute sa force, lança ses grands bras…
— Hàâ !
Il y eut un craquement d’os brisés. Le mécanicien avait bondi au levier de mise en marche et s’y cramponnait, les yeux fous. Et tous, ceux qui chantaient et ceux qui se disputaient, ceux du pailler, ceux des échelles, ceux du tas de gerbes, tous s’étaient immobilisés, les mains hautes, un cri de terreur arrêté dans la gorge.
Sur la table à engrener, Cuirassier gisait la face en avant : la vanneuse venait de lui manger un bras.