Alors Daru fit le tour de l’aire avec une brassée de bouteilles, criant :
— Allons, les gars ! au muscadet !
Derrière lui, les femmes vinrent, chargées elles aussi. Daru disait :
— Goûtez-ça ; c’est pas du vin de marchand… c’est mon beau-frère de Vendée qui me le fournit… Seulement, méfiez-vous : il est traître.
Les hommes, abrutis de chaleur, avalaient comme de la piquette ce petit vin si gai. Daru pris d’inquiétude, appela ses femmes.
— Assez ! allez-vous en !… ils ne finiraient pas le travail.
Les femmes s’en allèrent, remportant leurs bouteilles à demi vidées. Elles passèrent dans la grange où Cuirassier et Boiseriot venaient de s’étendre sur la terre fraîche, haletants, la figure noire. Boiseriot goûta au muscadet.
— Tiens, fit-il, ça coule, ça !
Les femmes leur laissèrent un litre non entamé. Cuirassier, ayant bu, fit claquer sa langue.
— Oui !… ça remet, nom de d’la !
Il avait la tête chaude et il riait d’aise, le litre en main, tout de suite reposé.
— Nom de d’la, Boiseriot ! Samuel est un triste menteur : le vin vaut mieux que l’eau… J’ai bonne envie de finir la bouteille.
L’autre le regardait de côté avec ses yeux rusés.
— Finir la bouteille !… Tu n’es pas de force : ça t’assommerait.