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NÊNE.

sait entre les fourches, enjambait la paille, leste et gracieuse comme une chevrette blanche.

Près de la vanneuse elle levait sa bouteille.

— Hé ! les engreneurs !

Mais eux n’entendaient pas, tout entiers à leur besogne acharnée ; ou bien ils secouaient rapidement la tête :

— Non… non… pas maintenant.

Au deuxième passage de Tiennette, Boiseriot et Cuirassier dont c’était le tour de repos, appelèrent la petite ; mais Cuirassier ne prit qu’un verre d’eau et l’autre s’étonna :

— De l’eau ! tu as peur d’un verre de vin aujourd’hui ?... un homme comme toi !

— C’est que je me connais, voyez-vous… Au deuxième verre la folie commence déjà à me monter à la tête… Après, par exemple, je puis boire tant que je veux… Et puis, tenez ! ajouta Cuirassier en montrant les autres, je crois qu’il y en aura assez d’échauffés sans moi…

Quand les gens des Corbier furent tous dans la grange pour le repas de midi, les plaisanteries devinrent tout de suite bruyantes et grosses.

Le vin épais coulait vite ; Tiennette ne faisait que courir vers la maison avec des litres vides.

Au bout de la table grasse, Gédéon l’appelait dix fois pour une et elle entendait bien toujours sa voix à travers les autres.

— Tiennette ! écoute par ici.

Une fois il se pencha et se mit à lui conter quelque chose à l’oreille.