quatre engreneurs qui se relayaient d’instant en instant.
Tout autour, ils étaient une cinquantaine.
Les plus jeunes grimpaient au tas et faisaient crouler les gerbes ; les plus galants étaient aux sacs. Les vieux faisaient les besognes lentes et minutieuses : ils avaient des râteaux, triaient les balles et les épis coupés ; ou bien ils étaient aux postes que les jeunes fuyaient à cause de la poussière.
Pour monter la paille il y avait sept ou huit gaillards glorieux de leur force. Les secoueurs leur préparaient d’énormes fourchées ; quand ils avaient piqué là-dedans et redressé leur outil, ils disparaissaient complètement et la paille avait l’air de monter toute seule, lentement, le long des hautes échelles.
L’un d’eux, un grand brun qui avait une voix très belle, chantait sans s’interrompre une chanson interminable aux couplets presque pareils. Les autres s’essayaient à chanter avec lui, mais leurs voix ne pouvaient pas suivre la sienne. Plus volontiers ils ululaient à toute gorge en haut des échelles ou bien ils criaient : « à boire ! à boire ! ».
Alors Tiennette venait et leur versait du vin. Et tous étaient contents de l’avoir en leur vue, même ceux dont les amitiés étaient fixées.
C’était la journée de boire. Les vieux secoueurs de paille eux-mêmes faisaient bel accueil à la bouteille et, le verre en main, ils disaient des rigourdaines. La petite allait de l’un à l’autre, se glis-