Page:Perochon - Nene.djvu/73

Cette page a été validée par deux contributeurs.
67
NÊNE.

bouche en s’endormant ; ses deux mains fouillaient la gorge de Madeleine et il poussait avec sa tête, les lèvres ouvertes et quêteuses…

Madeleine ne pleurait plus. Elle ne dormait pas encore tout à fait, mais sa pensée s’en allait, lui échappait sans qu’elle pût la retenir. L’enfant, blotti, avait fini par trouver un de ses seins et, dans son rêve commençant, elle sentait la chaleur de deux petites lèvres humides, qui, par moments, se resserraient sur sa chair…

Ding ! ding ! ding !

D’une voix claire comme un bruit d’eau, la vieille horloge, au cœur de la maison, annonce trois heures.

Madeleine se jette hors du lit. Pieds nus, avant même de se vêtir, elle court à la cheminée ; puis, sur les pistolets brillants, elle passe un chiffon gras, vite, vite, comme une coupable…

Peine perdue ! À l’heure de la soupe, tout le monde s’aperçut de la mauvaise besogne.

Michel ne dit rien, mais son père eut un moment de colère.

— Madeleine, je t’avais défendu…

Madeleine s’excusa, très rouge, prétextant un oubli. Et, devant tout le monde, humblement, elle se laissa gronder comme une petite fille étourdie.