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NÊNE.

avoir la patience de lui faire manger par petites cuillerées…

— Mes pauvres, peut-être, après tout, vous sera-t-elle bonne celle que votre père ira chercher… Vous l’aimerez, vous ne songerez plus à Madeleine… et, quand vous serez grands, vous ne me reconnaîtrez pas.

Elle pleurait en replaçant les hardes dans l’armoire.

— Je ne peux pas rester pourtant ! Votre père est méchant… et moi je suis méchante… on est méchant quand on est grand… On ne pardonne rien… On n’est pas plus fin que les gens de l’ancien temps qui se faisaient la guerre.

Madeleine pleurait en regardant le berceau et le lit clair de forme nouvelle.

Elle avait, dans une boîte, quelques rubans, une bague, une épinglette et un petit collier d’argent. Elle prit le collier et le passa sous les cheveux de Lalie.

Quant au petit, elle n’avait rien à lui donner, rien qui convînt à son âge. Et, depuis quatre mois qu’elle était aux Moulinettes, elle n’avait pas encore songé à lui acheter la moindre chose inutile qui eût été un souvenir.

C’est qu’aussi elle ne pensait pas partir si tôt !

Eh bien ! au moins, elle le garderait auprès d’elle tant qu’elle pourrait. Déshabillée, elle prit l’enfant dans le berceau et l’emporta dans son lit.

Le petit, réveillé à demi, grommelait, irrité d’avoir perdu le bout de biberon qu’il gardait dans sa