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y était silencieuse et douce. Il suivit la haie de bordure : comme autrefois, des noisettes y mûrissaient dans leur petit godet blond — les noisettes qu’il offrait au bout des branches et que Marguerite cassait entre ses dents fraîches. — Comme autrefois, il y avait une charrière près de ce gros alizier d’où fuyaient les merles ; on voyait, de là, tout l’étang et, en se penchant un peu, la tête ronde du chêne à l’ombre duquel…

— Ah !

Il s’immobilisa, le buste en avant.

À l’ombre du gros chêne, devant l’eau moirée, une jeune femme, en joyeux corsage du dimanche, jouait avec un petit enfant… Comme autrefois !

Il y avait bien huit jours que Lalie suppliait Madeleine de l’emmener cueillir des noisettes. Ce dimanche, enfin, Madeleine avait cédé.

Comme il faisait beau, elle avait fait la toilette des enfants. Ayant, le matin même, acheté pour eux avec son argent un petit flacon d’eau de senteur, elle en avait mis une bonne dose sur leurs cheveux ; et le petit, sur sa poitrine était comme un bouquet.

Dans la prairie — la prairie, comme elle était belle ! — elle avait cueilli des noisettes. Et puis, elle s’était approchée de l’étang, lentement, derrière Jo, qui musait en trottant… Comme il brillait, l’étang !