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tombé : ta maison ne va pas à l’abandon comme des maisons que je connais.

— Peuh ! c’est chez nous comme ailleurs !

— Non ; il faut parler juste… Celle d’ici, tu ne la remplaceras pas. Moi, je vois… je suis souvent à la maison… Eh bien, j’ai déjà compris qu’elle se donne grand souci. Regarde ! rien ne traîne… Va voir ses bêtes, va voir sa laiterie… Et puis, d’une autre manière encore, elle est meilleure que les autres : tes enfants sont autour d’elle comme deux petits chats au soleil. Je le dis que je vois ça, moi, mon gars.

— Peut-être ! mais une servante est une servante : on la paye et elle s’en va. Jamais ce travail-là ne vaudra l’autre.

— Bon ! je ne dis pas… Eh bien, mon gars, quand ton chagrin sera passé…

— Il ne passera pas.

— On dit ça… et de vrai, ça ne passe jamais… mais on se raisonne petit à petit… Veux-tu que je te parle, Michel ?

— Vous pouvez ! fit anxieusement le jeune homme. Vous, père, vous pouvez me dire tout.

— Eh bien, mon gars, il faudra te remarier… Ne te chagrine pas. Je ne dis pas : cette année ou celle qui vient… tu comprends ?… quand ta peine sera endormie… Cependant, le plus tôt vaudra le mieux, pour ta maison et pour tes enfants. Tu as une bonne servante, mais, comme tu le dis, elle peut partir d’un jour à l’autre…