Page:Perochon - Nene.djvu/44

Cette page a été validée par deux contributeurs.

des hommes. Elle avait toujours su se défendre gaiement. Une plaisanterie ne lui faisait pas peur et pour rendre une bourrade elle avait la main ferme.

Mais pas de ces hommes silencieux aux yeux hardis !…

Quand Boiseriot eut fini son repas, il resta assis à la regarder. Elle fut soulagée quand il s’en alla.

Dans la soirée, quand le petit fut endormi, elle sortit dans le courtil ; puis elle songea que les lits des valets n’avaient pas été faits.

Les valets couchaient dans un petit quéreux, au bout de la grange ; elle y alla. Comme elle traversait l’étable, elle aperçut Boiseriot étendu sur une brassée de paille fraîche. À son approche il se redressa sur son séant et lui attrapa la jambe. Dégagée, elle passait, quand elle le vit se lever et se jeter sur elle comme une bête gâtée.

Du coup, elle lui envoya une telle gifle qu’il en fut éberlué. Point arrêté cependant !… Alors elle lui fit carrément face et redoubla.

— Malhonnête ! Je le dirai au patron !

— Mauvaise picotée ! grondait-il, tu n’es pas toujours si fière !

— Boiseriot, j’entends mal !

— Et moi, je vois clair… Tu le diras au patron !… Ça ne m’étonne pas… Je serai renvoyé, bien sûr… Tu fais déjà ce que tu veux dans la maison… Mais je dirai partout ce que je sais.

— Boiseriot, qu’est-ce que vous direz ?

— Je le dirai !… et tous les gars des alentours, je