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NÊNE.


Ce dimanche de juillet Michel était à St-Ambroise et Madeleine gardait la maison. Elle priait, seule, avec les enfants.

Boiseriot, le valet catholique, entra. C’était, à lui aussi, son tour de garde. Il s’assit à la table, disant :

— La soupe !

Madeleine ne se dérangea pas car c’était l’heure de la prière.

— La soupe ! la soupe !

Il prit à tapoter sur la table avec le manche de son couteau. Devant les patrons il n’eût pas osé marquer son impatience à ce moment-là.

Madeleine se leva et, sans lâcher son chapelet, mit silencieusement la soupière devant lui. Puis, comme il souriait de manière déplaisante, elle lui tourna le dos.

Elle ne l’aimait pas, celui-là. C’était un vieux garçon, un homme de 35 ans, petit et de mine médiocre ; bon valet pourtant et plus dur de corps qu’il n’en avait l’air, mais peu causeur et sournois.

Madeleine se méfiait de lui, non pas parce qu’il était catholique, mais parce qu’il la regardait de façon malhonnête avec ses yeux luisants.

À 27 ans, après quatorze ans de service dans les fermes, elle avait éprouvé bien des fois la rudesse