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précoces et les oisons se décidaient à disparaître ou à grandir ; c’était encore le moment de préparer les couvées tardives et de sevrer les porcelets nés au printemps : toutes besognes très minutieuses. C’était surtout le moment redouté des cuisinières où il fallait, avec des légumes et un peu de lard, préparer quatre repas par jour, quatre repas copieux à cause du grand travail.

Madeleine se levait tôt. Dès trois heures ses sabots sonnaient dans la cuisine carrelée. Flac ! Flac ! Debout les hommes !

Vite elle allumait le feu, épluchait les légumes, courait au saloir.

Quatre heures : la prière, que Madeleine conduisait, le père Corbier donnant les répons et tout le monde écoutant, même les valets dont l’un était catholique et l’autre protestant.

Quatre heures et demie : la table à dresser, les vaches à traire, le lait à écrémer, la vaisselle, les poulets, les canetons, les enfants… Trotte ! Trotte !

Elle finissait à neuf heures du soir, quelquefois à dix, alors que les hommes dormaient déjà.

Elle savait tout ce qu’il faut faire dans une maison pour les gens et les bêtes, mais, pour combiner les choses, elle manquait d’habitude.

Elle manquait bien un peu d’adresse aussi. Par exemple elle ne savait pas faire manger les oisons dans sa main, les forcer devant leur pâtée de son et d’orties. Quand l’ondée menaçait, elle courait bien dans l’aire après ses poulets, secouant son mouchoir d’une main, son tablier de l’autre :