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NÊNE.

— Ils nous voient donc ? demanda Lalie.

— Ils nous voient. Ainsi, pour vous, mes petits…

Elle hésita, ne sachant comment dire ce qui lui venait au cœur.

— Pour vous, il y a de l’aide, là-haut. Votre mère est au Paradis et vous regarde. Elle vous aime ; personne ne peut vous aimer autant qu’elle… personne !

Les enfants se taisaient, les yeux larges. Madeleine pensait tout haut et sa parole montait comme une prière.

— Elle veille sur vous… Elle doit bien savoir que je vous aime aussi… Qu’elle me soit donc secourable !… Si je viens à m’en aller, je lui demande de me préserver de l’oubli…

— Mais tu ne t’en iras pas, Nêne ! dit Jo.

— C’est-il que tu veux mourir ? demanda Lalie.

Elle ne répondit pas et la petite demanda encore :

— Si tu mourais, irais-tu là-haut, toi aussi ?

— Je ne sais pas.

— Tu serais forcée d’y aller… autrement, comment ferais-tu pour nous voir ?

Madeleine attira les deux enfants sur sa poitrine.

— Quand je m’en irai, je ne pourrai peut-être plus vous voir. Je ne suis pas votre mère, moi ; je suis… non, je ne suis pas votre mère… Votre mère est morte. Elle était bonne, votre mère… oh ! bien meilleure que moi !… Et elle était belle !… Jamais une autre ne sera aussi belle… C’est elle qu’il faut aimer le plus, mes petits… plus que moi… plus que toute autre…

Elle parlait à voix basse, lentement, pour don-