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NÊNE.

— Nêne, dit Jo, je ne sais pas comment ils font pour y monter et pour s’y tenir !

— Ils n’ont pas de peine… ce sont des choses difficiles à te dire.

Lalie montra l’eau tranquille où se reflétait le bleu sombre du ciel et les nuages.

— Regarde Nêne ! il y a un autre Temps au fond de l’eau.

— C’est le monde du dessous, dit Madeleine.

— Y a-t-il aussi des gens dans celui-là ?

— Oui, dit Madeleine, il y en a.

— Nêne, dit Jo, je crois qu’ils ne sont pas à leur aise !

Aux lèvres de Madeleine remontaient les contes de la vieille tante folle ; mais elle les trouvait effrayants et mauvais à cause de cela ; elle ne dit que ce qui était sa croyance.

— Il y a trois mondes… Le monde du dessus qui est le bon… Le monde du milieu : c’est le nôtre, il est bon et mauvais… Le monde du dessous : priez pour nous ! C’est le poison ; le mal en sort comme une fumée noire… Il y a trois mondes qui ne se ressemblent pas. Nous en connaissons un ; dans les autres les choses ne sont pas pareilles ; personne ne peut comprendre ; nos yeux ne servent de rien, ni nos oreilles.

Elle parlait avec douceur et sa peine s’apaisait. Avec le soir, une grande pitié tombait du ciel.

— Quand nous serons morts, nous irons en haut ou en bas selon la justice. Ceux de là-haut, ce sont ceux qui ont aimé ; ils aiment encore ? ils veillent sur nous.