coule… Je bêche tout et je bêche profond… après, on n’a guère la peine de sarcler.
Corbier hocha la tête en guise d’approbation. Et l’autre continua :
— C’est comme ça… Madeleine est venue me trouver au jardin et m’a dit : viens m’aider !… J’ai pris ses paquets de hardes et je l’ai conduite par la route jusqu’en vue des Moulinettes. Après, je m’en suis retourné par la traverse parce que je n’aime pas être vu sur les chemins en temps d’ouvrage.
— D’accord ? fit Corbier.
— C’est d’amitié que je me suis dérangé… Madeleine n’avait pas grand besoin de mon aide… Ce n’est pas pour vous la vanter, Corbier, mais si l’on parlait de la force des femmes, il n’y en aurait pas beaucoup devant elle en ces côtés !… Maintenant, je m’en vais… Vous avez là un beau chantier… Salut !
L’homme ayant disparu, Corbier redressa sa charrue et commença un sillon. Mais sa pensée, au lieu d’être à ses bêtes et à son travail, s’en allait maintenant vers des choses inquiétantes et tristes. Cette rencontre l’avait remué comme sa charrue remuait la terre. Et c’était sur son cœur comme une brume, une brume épaisse où ne filtrait point le soleil et où ne voletaient point d’oiseaux.
Non pas qu’il y eût jamais eu entre lui et ce grand gars qu’il appelait Cuirassier autre chose qu’un commerce banal de prévenances ; et cette Ma-