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NÊNE.

Derrière la muraille, les cheveux blonds et les yeux gonflés disparurent.

— Elle est déjà habituée… J’en suis contente ! Elle ne pense déjà plus à moi… Il faut voir comme elle embrasse la demoiselle ! J’avais de la crainte et cela va très bien… Tant mieux ! Je suis contente, bien contente !

Sur la route des Moulinettes, Madeleine murmurait : « Je suis contente ! » et de grosses larmes lui brouillaient la vue.

De cette première journée d’école Lalie fit tout un conte.

— Si tu savais, Nêne, comme on s’amuse ! La demoiselle m’a fait chanter ; elle a dit que je serais la première.

— Tu l’aimes déjà, la demoiselle ?

— Oh oui ! elle est mignonne ! Quand on l’embrasse, ses cheveux, sentent bon… Elle m’a donné une rose en papier.

— Comme celle que je t’avais achetée à l’assemblée de St-Ambroise ?

— Oh ! plus belle !

Madeleine pensait :

— C’est bien heureux que la demoiselle ait su la prendre…

Et son cœur était gros.

À la maison, pendant qu’elle préparait le repas, elle vit la petite fort occupée à se regarder dans un miroir ; elle s’approcha sans bruit : Lalie s’efforçait à loucher pour ressembler à la demoiselle.