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NÊNE.

Alors, seulement, Madeleine s’en alla. Elle s’en alla bien vite, courant presque et puis, petit à petit, elle ralentit sa marche ; ses pieds traînèrent, elle s’arrêta.

Est-ce qu’elle avait fait toutes les recommandations nécessaires ? Eh bien, non, justement ! elle n’avait pas dit de remettre la capeline à la sortie… Et si la petite s’ennuyait trop, qu’en ferait la demoiselle ? Peut-être, si elle prenait à pleurer, serait-il préférable de la ramener…

Madeleine revint vers l’école. La classe était commencée ; elle n’osa pas pénétrer dans la cour ; elle resta sur la route, s’assit au pied de la muraille, sur une pierre.

Le bruit des deux classes venait à elle, confusément. D’un côté, on entendait une sorte de murmure égal, un bourdonnement de voix discrètes. De l’autre, le petit ménage était plus bruyant ; des sabots claquaient, des boîtes tombaient ; des voix doucelettes chantaient l’alphabet sous la conduite d’une voix plus grave, mais jeune aussi et très flexible ; prestes, des volées de rire partaient.

— Elles n’ont pas de chagrin, les petites, pensait Madeleine. Pourvu qu’elles ne se moquent pas de Lalie ! C’est peut-être à cause d’elle qu’elles rient si souvent…

Elle se leva et vint s’asseoir juste devant la classe de la sous-maîtresse.

Passa un meunier qui était d’humeur faraude et qui se mit à plaisanter. Puis ce fut, conduisant une carriole, Bouju, cet ancien amoureux de Madeleine