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NÊNE.

Madeleine prit la petite par les épaules, tendrement.

— Voyons ! tu vas d’abord te taire… puis, essuyer tes yeux… Je sais d’où vient le mal : c’est une vieille rancune qui remonte… Il y a des choses que tu ignores, vois-tu… Je vais écrire à Gédéon, moi ; dès qu’il saura que Boiseriot était ton voisin, il comprendra. Je t’assure qu’il ne doutera pas de toi une seule minute.

— Bien vrai ?

— Je te le jure. Tu t’affoles pour peu de chose, ma pauvre petite. En voilà une fille sensible !

Elles furent un moment sans parler et les enfants prirent de la hardiesse.

Tiennette, dont le sourire renaissait à travers les larmes, caressa la tête frisée de Jo.

— Il m’avait vue avant toi, ce mignon, dit-elle à Madeleine.

Et puis, à propos de l’enfant, un souvenir surgit au milieu de son chagrin et elle continua :

— Ce Boiseriot est tout de même un mauvais gars ; il ne t’aime pas plus que moi, apparemment.

— Pourquoi dis-tu cela ? demanda Madeleine avec inquiétude.

— C’est qu’avant-hier, je l’entendais donner les nouvelles à Jules l’Innocent… et il y en avait une pour toi, une que tu n’as sans doute point été contente d’apprendre… Mais tu étais bien au courant avant Boiseriot, j’imagine ?

Les mains de Madeleine se crispèrent aux épaules de Tiennette.