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NÊNE.

— J’en ai, mais c’est à mon gré. Ce qui est chagrinant, c’est que je n’ai guère le loisir de promener les enfants. Ainsi, même aujourd’hui, il faut que je rentre tôt… Je vais vous quitter ; il est temps.

— Déjà !

— Oui ; je suis seule avec un jeune valet. Michel est parti de grand matin pour aller je ne sais où, à la ville peut-être, car il était en toilette. Il faut bien que je veille sur toute chose.

— Attends au moins que je fasse une tartine de confitures aux petits.

Les yeux de Madeleine devinrent plus clairs et tout son visage remercia.

— Vous les gâtez, maman, dit-elle ; pour que je les ramène ici, ils me tourmenteront.

Sans parler davantage elle chercha dans sa bourse et mit encore une pièce sur la table. Puis elle sortit.

Sur la route, les enfants musaient, leur tartine en main. Madeleine, devant eux, marchait en souriant.

Depuis quelque temps, elle recommençait à être heureuse ; son courage revenait petit à petit et sa tranquille humeur. « Tu es là-bas pour longtemps » disait la mère. Pour longtemps ! mais elle y était pour toujours !

— Jo ! allons, viens mon petit !

L’enfant, à une croisée de sentier, s’était arrêté et se dressait contre un échalier.

— Nêne, regarde !

Madeleine, s’approchant, aperçut une fille en