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NÊNE.

— Nêne ! Nêne ! Il y a un grand feu dans le pré ; j’y vais voir.

Madeleine répondit :

— Non ! Reste ici : tu verras tout aussi bien ; là-bas tu pourrais te brûler.

Michel entendit cette réponse et la trouva prudente. Mais, aussitôt, il se reprocha son approbation ; un mauvais orgueil lui fit crier :

— Lalie ! viens voir mon brûlot !

Et ces paroles n’étaient pas de douces paroles d’invitation mais des paroles de rudesse et de défi, des paroles lancées très fort pour porter loin. Elles passèrent par-dessus la tête de l’enfant, elles résonnèrent dans la maison et, contre le cœur de Madeleine, choquèrent dur.

Lalie déjà prenait sa course.

— Nène ! j’y vais : papa l’a dit.

Michel, maintenant, rassemblait les feuilles mortes et les bourrées sèches dont il avait fait de petits tas dans le pré. Chaque fois qu’il en apportait une brassée, la flamme se réveillait, pépiait joliment et d’innombrables étincelles montaient.

Lalie tournait autour du brûlot en battant des mains. Michel qui avait ramassé des châtaignes précoces les lui installa dans un petit tas de cendre chaude qu’il tira à l’écart du brûlot. En attendant qu’elles fussent cuites, l’enfant prit à courir dans la fumée.

— N’approche pas trop, dit Michel ; la flamme pourrait t’atteindre.