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NÊNE.

Le lundi, Michel commença la guerre.

Dès le matin il chercha noise à Madeleine. Le soir il revint à la charge, sans l’ombre d’un prétexte et sans même attendre que les valets fussent partis.

Les jours qui suivirent ce fut la même antienne. Alors une inquiétude mortelle commença de ronger Madeleine. Par moments elle essayait de se rassurer.

— Il n’osera pas, se disait-elle ; pour me chasser il lui faudrait une raison… Je crois, d’ailleurs, qu’il commence à s’apaiser.

Et puis Violette passait par là ou bien elle écrivait et, tout de suite après, revenait le gros temps.

Madeleine ne répondait rien à Michel. Le plus souvent elle n’entendait même pas ses paroles. Le sang lui sautait aux joues et puis il fuyait aussi vite ; son cœur devenait froid ; de temps en temps, après un grand battement douloureux qui résonnait dans sa poitrine comme un coup de marteau, il s’arrêtait net pour repartir ensuite sur une cadence affolée. Ses jambes devenaient subitement molles, sa vue se brouillait et toutes ses idées se fondaient en une angoisse étrange qui ressemblait à l’angoisse de la mort.

Quand les hommes étaient partis, elle apaisait son malaise à force de larmes.