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NÊNE.

— Celle de l’Ouchette, je la connais ; c’est une glorieuse !… Et puis elle est vexante… Toutes les fois qu’elle me voit, ce qu’elle m’en dit !… Trois poupées ! peut-on gaspiller son argent comme ça !… Elle aura beau faire, elle peut acheter tout ce qu’elle voudra, sa grande Germaine n’en sera ni plus fine ni plus belle… Qu’elle essaye donc de la mettre à côté de Lalie !… À la Toussaint, puisqu’il en est ainsi, si je n’achète pas une poupée de cent sous, je veux perdre mon nom ! Ah ! je lui ferai voir, moi ?…

Elle grommelait en attisant son feu et elle secouait ses pincettes.

Une grosse voix sonna derrière elle.

— Eh bien ! Eh bien ! Je pense que tu en fais du tapage !

Elle se releva en rougissant, puis elle se mit à rire en reconnaissant son frère.

Il était arrivé sans qu’elle l’entendît et il se tenait sur le seuil.

— C’est toi ! dit-elle ; entre donc !

Il s’avança pour l’embrasser. Il riait ; il disait :

— Il fait beau ce matin ; le soleil tombe comme une bénédiction.

Au fond de ses yeux bleus, cependant, une inquiétude rôdait. Madeleine ne s’en apercevait point et elle se réjouissait bonnement de le voir de si bel accueil.

— Où vas-tu par ce chemin-là, mon grand ?

— À la Grand’Combe, chez Rivard, qui m’a demandé. J’ai fait un petit détour pour prendre de tes nouvelles ; on ne te voit pas au Coudray.