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NÊNE.

caisse d’épargne, mais elle ne songeait pas encore à aller les chercher. Elle comptait :

— Il me reste huit francs. La Toussaint est dans deux mois et Corbier me donnera mon gage… En n’achetant rien pour moi, cela peut encore aller… Je me priverai un peu de leur plaisir, voilà tout… Je me rattraperai cet hiver.

Un dimanche comme elle promenait les enfants sur la route de St-Ambroise, elle avait été rejointe par un certain Bouju, un vieux garçon de trente-cinq ans qui était un peu son parent. En marchant à côté d’elle, il lui avait parlé de sa situation, de ses goûts, des économies qu’il avait faites ; puis il lui avait dit qu’elle serait sage de se marier, qu’elle lui plaisait beaucoup, qu’il se proposait comme épouseur enfin !

— Eh bien ! Si je m’attendais à cela !

Elle s’était arrêtée toute surprise et cette idée de mariage lui semblait si drôle qu’elle s’était mise à rire.

Oui, il avait l’air honnête ce Bouju et son cœur à elle ne battait pour aucun homme… mais, tout de même, elle avait bien ri.