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NÊNE.

— Ils me rendront folle.

Et ses yeux riaient.

Elle finit la chanson et puis elle la reprit. Quand elle tourna la tête pour savoir où en était la partie, elle vit que les petits ne l’écoutaient plus.

Lalie faisait dire le chapelet à Zine qu’elle venait d’asseoir, ne pouvant la mettre à genoux. Quant à Jo, il était occupé à arracher des poignées d’herbe ; il faisait : han ! han ! et il tirait la langue tant l’effort était rude.

— Je suis comme un musicien aveugle qui dit la gavotte quand la noce est passée… Ils sont plus raisonnables que moi ; s’ils avaient sauté pendant tout ce temps ils seraient en nage. Vraiment, je ne suis pas trop fine.

Elle s’attarda à tordre un morceau de linge pour écouter Lalie.

— Cette petite, avant qu’il soit longtemps, c’est elle qui me donnera des idées pour toute chose à la maison.

Une bouffée d’orgueil lui gonfla la poitrine ; puis ses regards flottèrent et sa pensée bondit en avant comme un chevreau de l’année.

— Quand Jo sera grand… moi je serai une vieille bonne femme… Je ne serai peut-être plus aux Moulinettes… C’est Lalie qui tiendra ma place… Qui sait où je serai ? Il viendra me voir et je lui ferai une tasse de café… Il ira au régiment et il aura des permissions… Bonjour Nêne ! tu files toujours ta quenouille !… Son sabre fera frac ! frac ! derrière lui ;