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NÊNE.

aimer plus que Madeleine. Est-ce que vraiment, un jour, on pourrait les lui arracher ?

— Ah bien ! cela n’irait pas tout seul ! Cela n’irait pas tout seul !

À cette pensée, le cœur de Madeleine ronfla comme un essaim de guêpes.

— Et puis je suis bien sotte ! Michel est un mauvais gars qui veut rire… S’il lui en cuit, tant mieux ! Mais tout cela n’est pas sérieux. Est-ce vrai, seulement ? Il faudra que je le sache.

Elle prit à épier Michel.

Il avait été touché par la mort du père ; les premiers dimanches après l’enterrement il n’était sorti que pour aller au chapelet. Et puis, peu à peu, il avait repris ses habitudes ; maintenant il lui arrivait souvent, le dimanche, de ne rentrer qu’à la nuit tombante…

Comme il n’allait presque jamais à l’auberge, Madeleine en conclut qu’il devait voyager. Elle essaya de le faire parler, mais ce fut vainement.

Il recevait des lettres qui ne passaient pas à la maison ; le facteur était venu deux fois demander à Madeleine où travaillait le patron. Cela était assez singulier.

Enfin, un jour vint où Madeleine ne douta plus. Ce fut un samedi du mois d’octobre. Il était onze heures, Madeleine était en train de goûter la soupe qu’elle venait d’assaisonner quand le facteur entra.

— Une lettre pour Michel Corbier !

Il tint un moment la lettre haut en humant l’air.