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NÊNE.

pour un travail à peu près semblable. Puis il était revenu au Coudray et on l’avait employé petitement, ici ou là, au hasard du besoin. Il prenait les taupes dans les prés ; on le demandait pour conduire les bêtes aux foires ; on lui faisait ramasser des pierres ou tailler à la faucille les haies de broussailles : toutes besognes menues qu’on lui proposait par charité.

Il avait demandé une place de facteur, cette place qu’il comptait obtenir tout de suite, de plein droit, mais rien n’était venu. Pourtant, de ce côté, il avait depuis quelques jours grand espoir ; c’est pourquoi il écrivait à Violette.

— Eh bien ? maintenant, que faut-il mettre, mon grand ?

Madeleine avait marqué le lieu, la date et les propos habituels d’accointance ; la plume levée elle attendait.

— Maintenant ?

— Si tu veux, tourne-lui un compliment… en lui disant que je l’aime toujours plus fort.

— Quel compliment ?

— Dis-lui qu’elle est belle : elle le mérite ! Quand elle vous regarde le temps devient clair… c’est comme si un soleil de matinée commençait à briller… Autour d’elle l’air est tout jeune et sent bon, comme le vent qui frivole dans les pommiers fleuris.

— Eh badaud ! C’est qu’elle se met de l’eau de Cologne !

Madeleine riait de cette mine émerveillée ; elle se remit à écrire.