sans une parole, autour de celle qui dirigeait la prière. Quand une se relevait pour s’en aller, une autre tout de suite, prenait sa place.
Le troisième jour, ce fut l’enterrement, à Saint-Ambroise, dans le cimetière des Dissidents. Prières… prières… prières. Prières en chemin entre les haies fleuries ; prières dans la chapelle sombre, prières très longues au cimetière, quand le cercueil fut posé sur la grande pierre plate qui recouvrait la tombe du dernier prêtre ; prières encore quand on eut descendu le cercueil et jeté de la terre.
Il n’y avait là ni catholiques ni protestants, mais toutes les maisons dissidentes connues dans la région avaient envoyé du monde. Cette âme qui s’en allait seule, sans viatique, il fallait au moins que la prière des proches lui fît un long cortège.
Après l’enterrement, Madeleine passa au Gros-Châtaignier chercher les enfants. Quand elle arriva aux Moulinettes elle trouva la parenté réunie. Il y avait là les deux beaux-frères de Michel, son oncle, des cousins, et aussi ses beaux-parents avec Georgette, la belle-sœur, qui avait suivi, hardiment.
Tous ces gens avaient des arrangements à prendre ; ils se turent quand Madeleine entra et quelques regards devinrent hostiles. Alors elle laissa sa cape de deuil et s’en alla par le jardin, le cœur un peu serré parce que, soudain, elle s’était sentie étrangère. Elle gagna la grange, puis passa dans le quéreux aux valets où elle se mit à préparer tout pour que Gédéon, le soir même, pût venir coucher dans la chambre de Michel.