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NÊNE.

— Vous êtes de Chantepie ?… pourtant, vous arrivez de ce côté…

— C’est que j’ai pris deux nouvelles pratiques à St-Ambroise. Je suis allée là-bas mercredi soir ; à présent mon ouvrage est fini et je rentre chez moi. En passant je veux acheter du poisson pour maman qui n’est pas bien forte.

Elle avait dit ces derniers mots lentement, avec douceur et tristesse ; et cela fit plaisir à Michel qu’elle fût aussi bonne qu’elle était belle. Il s’empressa.

— Du poisson, je n’en ai plus guère ; il est venu tous les jours, du monde d’un peu partout. Ici, il y a encore quelques tanches… là, des brêmes… Et puis, voilà les carpes ; mais je n’en ai plus que six grosses qui sont de redevance et que je ne peux pas vendre.

Elle parut contrariée et murmura :

— Je le regrette bien… J’en aurais acheté une.

Tout de suite il plongea son épuisette et ramena deux carpes énormes.

— Choisissez la plus belle. Je vous la donne à vous de meilleur cœur qu’au maître… Il se contentera des cinq autres.

Elle eut, le voyant penché sur son filet, un rire de triomphe qui ne sonna point ; puis elle s’écria :

— Quelles bêtes ! Je ne les croyais pas si grosses… Je vous remercie, je n’en veux point… Mon panier est trop petit ; et puis je ne saurais en porter une jusqu’à Chantepie.