— … S’il n’en envoie qu’une, cela vous embarrassera… vous en priverez-vous pour moi ?
— Cela me sera une grande douceur… Mais dites-moi votre nom ?
Elle se dressa tout contre lui, les yeux brillants d’une vive allumée :
— J’aime mieux qu’il n’en envoie qu’une ! dit-elle ; et elle se sauva.
De la grange, un homme appela Michel. C’était un jeune maçon de St-Ambroise qui avait un petit paiement à lui faire. Ils se mirent en écot avec deux autres du bourg. Le maçon avait bu ; il parlait très fort à Michel et avec beaucoup d’amitié, de leur temps d’école. À la fin, il jura doucement, d’un ton de reproche.
— Mais Bon Dié ! tu ne m’écoutes pas !
Michel se sentit rouge.
— C’est que… je regardais « la loutre ».
Le maçon, dont les idées ne tenaient plus, cria :
— Loutre ! Loutriot ! as-tu la gorge dérouillée ?
À la grande table, le gourmand leva un peu sa face violette et répondit avec simplicité, sans orgueil ni malice :
— Ça commence… merci bien ! ça petit que je viens de prendre a élargi la charrière… l’appétit me vient.
Entendant cette nouvelle, tous s’émerveillèrent et Michel lui-même ne put s’empêcher de rire.
— Ah ! le loup !
— Il en a bien avalé dix livres !