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NÊNE.

trous pleins d’eau que l’on avait préparés pour les recevoir.

Jamais la pêche n’avait été aussi belle ; Michel lui-même était étonné. Cela tenait sans doute à ce que l’on avait réussi à prendre tous les brochets lors de la pêche précédente.

Les drôles criaient, penchés sur le grillage de la poêle :

— Il en passe ! Il y en a des petits qui se sauvent !

ou bien :

— Hep ! patron ! vous n’avez pas vu ? il vient d’en sauter deux hors du filet… Et celui-là qui est crevé et qui balle sur l’eau…

Comme une belle brème échappait à Gédéon et retombait de l’autre côté du grillage, un gros rougeaud d’une dizaine d’années se décida tout d’un coup, disant :

— Attends ! Je m’en vais leur faire voir !

Avisant un panier, il releva sa culotte et ses manches et sauta dans le ruisseau. Du premier coup il ramena la brème et cinq ou six petites ablettes.

— Il n’est pas trop bête, le galopiot ! dit Michel ; tiens, attrape !

Il vida par-dessus le grillage le fond d’un filet, une douzaine d’ablettes qui tombèrent dans l’eau comme des étincelles de feu d’artifice.

Alors un autre drôle se mit au jeu, puis un autre, puis tous ou presque. De temps en temps, Michel leur jetait du poisson et ils barbotaient à grands cris, embarrassés de leurs paniers, se battant pour être aux bonnes places.