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LA PARCELLE 32

— Pendant que tu es commandé, toi, et que tu es commandé pour la mort, peut-être, celui que tu viens de voir a pour tâche d’amuser les femmes. Tout failli gars qu’il est, il tourne autour des jeunesses… Le travail qu’il fait comme sursitaire agricole !… Veux-tu que je te dise le travail qu’il fait ? Eh bien ! il conte des histoires à ma nièce Évoline qui est bonne et bête, et il la débauchera, si ce n’est déjà fait.

Il ajouta en ricanant :

— C’est le vieux qui manigance tout… Honoré est riche…, qu’est-ce qu’il ne vendrait pas, le vieux !

Marie regarda le jeune homme, il ne répondit pas, mais il devint très rouge et ses yeux flambèrent. Elle comprit qu’elle avait deviné juste.

Elle prit à épier Maurice ; mais ce fut en vain. Il travaillait du matin au soir ; il ne s’absenta que le dimanche suivant pour aller chez un ami qui habitait un lointain village.

Il devait partir le mercredi de grand matin. Dès le soir du mardi, ayant garni sa musette et rempli son bidon, il fit ses adieux chez les Sicot pour ne déranger personne le lendemain. Puis, il gagna, au fond de la cour, le petit quéreux où son lit avait été dressé toute la semaine.

Le lendemain, Marie se leva de prime aube, bien avant ses parents, un peu avec l’idée d’être là quand il partirait, le pauvre.

Comme elle traversait la cour, elle le vit qui arrivait dans le brouillard, à grands pas furtifs.

Elle s’avança alors, et il ne put l’éviter.

— D’où viens-tu ? demanda-t-elle.

— D’où je viens ?